Dons, ressources financières et inégalités

Publié le par Ferdia

Le montant des dons, un indicateur fort de la générosité des particuliers, est à rapprocher de la capacité de chacun à donner. Le niveau de vie des Français varie fortement selon les territoires. Tandis que ce ne sont pas forcément les territoires les plus aisés qui fournissent le plus grand nombre de donateurs, la corrélation avec le montant du don est-elle plus visible ? Assez logiquement, la concentration de richesses dans les grands pôles urbains et leurs alentours transparaît dans la carte du revenu moyen des particuliers. On trouve donc une plus grande corrélation ici entre revenu disponible et montant du don. L’Ile-de-France, l’Alsace, et la région Rhône-Alpes qui bénéficie à la fois de deux grands pôles que sont Lyon et Grenoble et de forts niveaux de richesse le long de la frontière suisse, sont des zones de don moyen élevé. On voit apparaître ici des régions relativement plus généreuses, comme le Languedoc-Roussillon et des régions peu généreuses comparativement aux ressources dont les particuliers disposent, comme la Bretagne ou le grand bassin parisien. Alors que les Languedociens disposent de ressources bien moindres que celles des Bretons, le don moyen de ces deux territoires présente un écart de près de 70€ à la faveur du Languedoc. Sans doute faut-il ici prendre en compte dans l’analyse la répartition plus ou moins inégale des richesses : Le Languedoc-Roussillon est la région, avec le Nord-Pas-de-Calais, où l’on constate les plus fortes inégalités sociales, en raison d’un fort taux de pauvreté touchant de vastes espaces au sein de la région, et des niveaux de revenus extrêmement faibles pour les personnes démunies (10% de la population vit avec moins de 6 000 € par an sur l’ensemble de la région, c’est-à-dire moins de 500 € par mois). On peut trouver là une explication de la faible proportion de donateurs, de nombreux Languedociens devant vivre avec des ressources très limitées, et souffrant des plus forts taux de chômage du pays. Les Languedociens plus aisés, particulièrement conscients des besoins sociaux, seraient alors plus représentés au sein de la population donatrice, ce qui élèverait le montant du don moyen. Le département du Nord présente la même combinaison : des donateurs peu nombreux, mais plus généreux, dans un territoire marqué par la pauvreté et des revenus bas. La Bretagne, quant à elle, est la région où les inégalités sociales et économiques sont les plus faibles, en raison notamment du dynamisme de l’économie privée. Cette plus grande homogénéité sociale s’explique par des extrêmes peu nombreux et l’un des plus faible taux de pauvreté (le revenu annuel du dernier décile de la population s’élève à 10 000 €, soit 4 000 € de plus que dans le Languedoc), et d’un faible taux de très grande richesse, ce qui explique que le revenu moyen soit globalement homogène dans la région, à un niveau relativement élevé. On peut voir dans cette stratification sociale une explication de l’importante proportion de donateurs, dans un contexte traditionnellement marqué par les valeurs du catholicisme social. Plus répartie socialement, la population donatrice puise donc dans des niveaux de revenus plus variés, ce qui entraîne la baisse du don moyen régional. De plus, le décollage économique tardif de la région, bien qu’abouti aujourd’hui, peut expliquer une tendance à l’économie et à la retenue dans le don, la mémoire d’un passé proche de pauvreté étant encore très présente dans les familles bretonnes qui jusqu’à la moitié du XXème siècle dépendaient d’une agriculture de subsistance, alors que le décollage économique et social de l’Est est beaucoup plus ancien. En France, seules les trois principales zones de concentration de richesses du territoire cumulent don moyen élevé et forte proportion de donateurs : Ile-de-France, Alsace et Rhône-Alpes.

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